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La recherche participative : quand société civile et chercheurs collaborent

L'ADEME est engagée dans la promotion de la recherche participative à travers l'appel à projets CO3, qui vise à soutenir des projets co-portés par un laboratoire de recherche et une organisation de la société civile. Après le lancement en 2019 de sa 2e édition, Guillaume Faburel, géographe, professeur à l'Université Lyon-2 et membre du comité scientifique de CO3, en décrypte les enjeux et les finalités.

Qu'entend-on par “recherche participative“ ?

Guillaume Faburel : La recherche participative est un terme générique recouvrant des réalités très diverses. L'idée générale, c'est de faire partici­per très directement les publics aux travaux de recherche, tout en sachant que la nature et l'intensité de leur im­plication peuvent grandement varier.

Il existe une palette assez large, entre la simple collecte d'informations au plus près des réalités par les gens eux-mêmes et la co-production to­tale d'un programme de recherche avec des collectifs d'habitants, des communautés locales, ou encore des groupes associatifs... : depuis l'amont (définition du sujet, choix de la mé­thode employée) jusqu'à l'aval (co-va­lidation des résultats).

La recherche participative est-elle pertinente pour l’exploration des enjeux écologiques ?

G. F. : La recherche participative a commencé à se développer dans les années 60-70, quand émergeaient les problématiques environne­mentales ; mais il faut attendre ces quinze dernières années pour la voir se développer en France, à mesure que l'environnement prend une place croissante dans nos vies et nos sociétés. Donc oui, les deux sont in­timement liés, pour des raisons épis­témologiques autant que politiques !

Avec la recherche participative, les mondes scientifiques reconnaissent enfin que les mondes sociaux sont peuplés d'autres connaissances et sa­voirs que strictement académiques

Guillaume Faburel, géographe, professeur à l'Université Lyon-2 et membre du comité scientifique de CO3

Surtout, premiers concernés, ils sont les premiers légitimes sur les questions écologiques et leur devenir. Or, ils sont aujourd'hui souvent désarmés vis-à-vis des décisions publiques sur ces sujets.

En impliquant directement les publics dans la production de connaissances et donc de sens, c’est le rôle social des savoirs qui se voit redéfini, no­tamment dans ses relations à l’action. Indéniablement, la recherche parti­cipative retisse des liens entre les ci­toyens et les décisions publiques, à l’ère de toutes les défiances !  

Pouvez-vous nous présenter le programme CO3, dont vous êtes membres du comité scientifique ?

G. F. : Comme c'est le cas aux États-Unis ou dans quelques autres pays, il est essentiel d'avoir des programmes nationaux qui soutiennent et accom­pagnent le développement de ces nouvelles formes de recherche. C'est l'ambition du dispositif CO3 : un par­tenariat dont le maître d’œuvre est l'ADEME, et auquel participent des grands acteurs associatifs, investis dans la participation des citoyens à la recherche, tel que Sciences Citoyennes.

Son comité scientifique pluraliste est composé à parts égales de chercheurs académiques et de membres de la société civile. Il s'adresse en priorité aux chercheurs et organisations de la société civile qui souhaitent s’engager dans un processus de co-construction de connaissances favorisant activement la transition écologique et solidaire, au plus près des réalités du terrain.

Une thèse en itinérance et en immersion  

Thibaud Cavaillès réalise un doctorat à l’UMR Triangle (Université Lyon 2), sur financement de l’ADEME. Son sujet porte sur les alternatives écologiques et démocratiques dans les espaces éloignés des grandes métropoles. Considérant sa recherche comme un engagement, il a choisi de conduire une recherche-action avec un ensemble d’acteurs s’engageant collectivement pour faire émerger des pratiques socio-écologiques dans leurs territoires.

Il a, à cette fin, transformé un véhicule en bureau itinérant afin de réaliser plus d’une dizaine d’immersions longues au sein des communes sélectionnées. Il a également réalisé plus d’une trentaine de repas-entretiens consistant à cuisiner et partager un repas avec des habitants, élus ou praticiens, tout en menant un protocole d’entretiens qualitatifs. Seul ce type d’immersion et d’enrôlement permet de dévoiler par le temps long et la participation active des premiers concernés d’autres savoirs et savoir-faire, non plus ceux de l'aménagement, mais ceux du ménage­ment écologique des lieux.

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